Puis, ces programmes digitaux se sont installés progressivement dans le fonctionnement quotidien jusqu’à devenir une évidence voire une routine ou pire un désagrément continu. Et cela d’autant qu’ils n’ont, par construction, pas de fin : après la digitalisation des offres, l’automatisation des processus, nous entrons maintenant pleinement dans l’intelligence artificielle et l’analyse des données et d’autres sujets digitaux suivront. En conséquence, le digital ne tire plus aussi fortement la transformation des entreprises, ni l’engagement des salariés. Quel levier va alors prendre le relais ?
Certaines organisations ont mis en avant la culture, mais cela s’est souvent avéré trop interne. Aujourd’hui, c’est le levier sociétal qui va structurer les plans de transformation. Cette approche est très liée à la raison d’être de l’entreprise : l’utilité de l’entreprise pour ses clients et la société est mise en avant. En fonction de son activité, ce lien est plus ou moins direct, dans tous les cas la formulation est primordiale. Parmi les exemples d’actualité, les entreprises à mission en lien avec la loi Pacte utilisent leur vision sociétale pour conduire leur changement.
La transformation sociétale repose ensuite sur les 3 piliers de la RSE. Le premier, l’environnement, transforme les pratiques de l’entreprise : tri, limitation des déplacements professionnels, travail sur l’impact écologique des activités, développement de filières éthiques chez les fournisseurs… Le second, le social, modifie les modes de fonctionnement internes : management davantage à l’écoute, démarches d’engagement des salariés, diversité et inclusion, développement renforcé des compétences… Il s’agit également pour l’entreprise de contribuer plus largement, au développement de l’éducation, de grandes causes, d’associations… Enfin le troisième pilier, la gouvernance, permet d’associer toutes les parties prenantes (salariés, actionnaires, clients…) dans la gestion de l’entreprise, et de garantir que l’on applique bien les dispositifs précédents et l’éthique.
Les sujets ainsi soulevés créent une transformation globale, touchant à l’organisation de l’entreprise, à ses activités, au management… Elle sera d’autant plus efficace si elle est holistique : une seule action isolée n’aura pas l’effet escompté, alors que la mise en cohérence de plusieurs chantiers, sur des thèmes différents, portés par des acteurs de plusieurs fonctions (RH, stratégie, RSE…) et niveaux, générera des impacts importants et une dynamique d’ensemble.
La transformation sociétale doit également être concrète et incarnée. De nombreux observateurs notent un effet marketing sur ces sujets, au détriment d’actions en profondeur. Cette contradiction se lève essentiellement par l’exemplarité notamment des dirigeants, l’alignement entre les discours et les actions, mais aussi en définissant des indicateurs de mesure et en utilisant des labels.
Enfin, alors que la transformation digitale était technico culturelle, la transformation sociétale est socio cognitive : elle modifie le rapport des personnes avec leur environnement, notamment au travers du renforcement de nos capacités attentionnelles (prendre soin de l’environnement, des autres…).
Accélérer et accompagner le développement de ces capacités/compétences devient dès lors un enjeu majeur pour les entreprises.